
Le 27 mai 2016, j’écrivais « Chronique d’un placement annoncé ».
Ce 16 Décembre 2020 ce placement a pris définitivement fin ; j’ai déplacé ses affaires et refait une place à ma fille. Dans notre foyer.
Après plus de 4 ans de navettes entre les « foyers » de ses parents et son « foyer » institutionnel, l’âme a tranché.
Quatre années de séparation qui ont permis de donner vie à l’insensé projet HAPPY HAND ; une décision qui se devait mais qui ne doit plus, pour toi, ma fille, source d’inspiration, maillon fondamental de ce cercle vertueux.
Le chemin n’est pas fini et je mesure la complexité de faire avec toi. Voilà près d’un an que j’échafaude moult scénarii pour assumer ta présence dans notre foyer tout en continuant mon engagement. Je n’ai pas encore toutes les réponses, mais j’ai foi.
Une foi sans laquelle je n’aurais prêté oreille au commandement, à l’évidence de continuer le chemin avec toi.
Un surplus de travail certes… Ô combien allégée cependant la charge mentale et affective !
Car un enfant en foyer, c’est la hantise d’une mauvaise nouvelle, les retours difficiles et la menace de crises, la sédentarisation qui affaiblit et diminue, l’alimentation de collectivité à tous les repas qui rend malade, la communication difficile et peu suivie avec les équipes, les turn-overs fréquents, les pertes ou détériorations d’affaires personnelles, les activités réduites pour ceux qui ne s’expriment pas et insignifiantes en temps de confinement…
Bien sûr que ton environnement se prêtait à un retour au foyer familial… Un papa présent, une sœur aimante et aidante, un compagnon des plus charitables… Et déjà deux auxiliaires dévouées et consciencieuses, miraculeusement trouvées pendant le confinement, qui t’accompagnent quelques heures par jour.
Pour d’autres, cette solution n’est pas envisageable. J’aurais aimé embarquer quelques-uns de ceux qui ont partagé ta vie ces quatre années, ceux qui n’ont pas choisi d’être là, ceux qui sont toujours là.
En écho à l’échange avec la Directrice qui s’inquiétait de savoir si nous avions mesuré les conséquences de cette décision compte tenu de l’insuffisance des places en institutions, je questionne… Est-ce là une façon de répondre à l’obligation légale de « projet de vie » des personnes en situation de handicap ?
Pour toi au moins, ma fille, je réponds à cet appel univoque de rejeter l’idée de placement et de te donner une place, ta place, parmi nous.
Vous appréciez cette page faites le savoir !